La Corse bénéficie d’une forte notoriété pour ses sites naturels. Fragiles, leur équilibre est aujourd’hui menacé du fait de leur surfréquentation. Les langues en danger sont menacées de disparition pour la raison inverse, à savoir leur sous-fréquentation. Dans les deux cas, des politiques publiques sont mises en œuvre afin de préserver le patrimoine et promouvoir la diversité et la créativité. En matière de politique linguistique, il s’agit de prévoir un cadre juridique permettant et encourageant la pratique du corse dans tous les secteurs de la vie sociale. A la différence du français qui n’est pas une langue en danger, le corse doit se doter des moyens d’exister encore pour la prochaine génération, sauf à disparaître comme langue de communication collective. C’est consciente de cet enjeu vital et de cette responsabilité historique que depuis 20051, l’Assemblée de Corse travaille dans la concertation afin de construire un consensus insulaire pour la langue. Il ne s’agit pas seulement pour elle de sauver un patrimoine immatériel appelé à disparaitre mais véritablement de faire de la langue corse une ressource en faveur de la cohésion sociale et du développement économique. C’est probablement parce que la question linguistique s’est extirpée de la gangue patrimonialiste que le 17 mai 2013, 36 des 51 élus ont approuvé le projet en faveur de la coofficialité. 11 se sont abstenus et 4 n’ont pas participé au vote. Fait remarquable, aucun n’a voté contre le texte proposé. Nous présenterons dans une première partie un état des lieux de la langue corse. Ensuite, nous aborderons les enjeux liés à la coofficialité ainsi que le processus en cours afin que le corse se dote des moyens juridiques et linguistiques de son développement durable.