« Note de lecture Sébastien-Yves LAURENT, État secret, État clandestin. Essai sur la transparence démocratique »
Résumé
Le parti pris de Sébastien Laurent est d’appréhender le « secret produit par l’appareil d’Etat » - le secrecy en langue anglaise – comme un espace social de l’Etat en s’intéressant, dans une perspective socio-historique, aux organisations bureaucratiques secrètes et aux groupes sociaux qui les animent mais aussi aux « concepts pratiques » , aux pratiques professionnelles et enfin, ce qui suscite l’intérêt du juriste, aux normes « qui produisent cet Etat singulier » (p.18). Mettant ses pas dans ceux du sociologue Georg Simmel, l’auteur n’appréhende pas le secret uniquement comme une « information qui est retranchée » mais également comme une « technique sociologique » et une « forme d’existence » qui a un effet social et repose sur une organisation étatique avec une dimension formelle et des éléments informels (p.20). Dans cette perspective, le secret d’Etat n’est pas que le « mensonge » d’Etat décrié par Arendt dans Lying in Politics ou le « pouvoir invisible » constaté par Bobbio , mais aussi et surtout l’expression d’une « rationalité d’Etat », qui repose, dans une logique foucaldienne, sur « des savoirs spécifiques créés au sein de l’Etat » (p.23-24).