Cette communication rend compte d’une recherche en Sciences de l’éducation, menée à partir d’une démarche ethnographique impliquée, sur un atelier de pratiques artistiques en plein air : La Roulotte à Peinture. J’ai d’abord investi cet atelier en tant qu’habitante et enseignante du quartier Belleville à Paris dans le 20ème arrondissement, j’y emmenais mes enfants, j’y croisais mes élèves, et les adultes qui les accompagnaient, puis dans le cadre du travail de la thèse, j’ai observé et participé à sa « mise en route », sur une période continue, pendant les vacances scolaires d’été. Cette recherche s’inscrit dans le thème « Education, Asymétrie, Réciprocité », car il s’agit d’analyser à partir du point de vue des enfants, en décrivant au plus près la façon dont ils s’emparent de cet espace de création, en quoi il a transformé ma pratique de l’enseignement en école maternelle et ma relation aux enfants en tant que chercheuse sur le terrain de l’enfance et de l’éducation. La Roulotte à Peinture est un objet hybride, qui fait partie d’un « dispositif » au sens que lui donne Michel Foucault et qui peut se définir comme une « installation artistique » au sens qu’elle modifie l’espace et les relations sociales et culturelles qui se jouent dans cet espace. Elle est ancrée sur un territoire, aujourd’hui marqué par la gentrification, mais qui demeure caractérisé par les vagues de migrations successives qui l’ont constitué et par les difficultés sociales d’une grande partie de ses habitants. Elle s’adresse en premier lieu à leurs enfants, et plus particulièrement à ceux qui n’ont pas l’occasion de partir en vacances. De cette idée simple, l’objet de cette communication est d’en démontrer la complexité, car dans le réel, les enjeux de pouvoirs se rejouent sans cesse selon une configuration à la fois « essentialiste », sociologique et culturelle, sur la place donnée aux enfants, par les adultes. Car cette possibilité d’un espace ouvert à une forme de transmission de pratique et d’expression artistique par La Roulotte à Peinture, reste soumise à la décision des pouvoirs publics qui accordent ou pas, les subventions et les autorisations d’occupation des lieux. Il s’agira d’analyser comment, pris à l’intérieur des différentes représentations de la relation éducative, les enfants ont la capacité de faire œuvre d’eux-mêmes et de participer également à une forme de transmission.